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qu’une médiocre fortune ; il n’y a rien dont on voie mieux la fin que d’une grande fortune.

L’occasion prochaine de la pauvreté, c’est de grandes richesses.

S’il est vrai que l’on soit riche de tout ce dont on n’a pas besoin, un homme fort riche, c’est un homme qui est sage.

S’il est vrai que l’on soit pauvre par toutes les choses que l’on désire, l’ambitieux et l’avare languissent dans une extrême pauvreté.


50 (IV)


Les passions tyrannisent l’homme ; et l’ambition suspend en lui les autres passions, et lui donne pour un temps les apparences de toutes les vertus. Ce Tryphon qui a tous les vices, je l’ai cru sobre, chaste, libéral, humble et même dévot : je le croirais encore, s’il n’eût enfin fait sa fortune.


5I (IV)


L’on ne se rend point sur le désir de posséder et de s’agrandir : la bile gagne, et la mort approche, qu’avec un visage flétri, et des jambes déjà faibles, l’on dit : ma fortune, mon établissement.


52 (IV)


Il n’y a au monde que deux manières de s’élever, ou par sa propre industrie, ou par l’imbécillité des autres.