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Il vit encore, quoique assez avancé en âge, et il use le reste de ses jours à travailler pour s’enrichir.


28 (IV)


Laissez faire Ergaste, et il exigera un droit de tous ceux qui boivent de l’eau de la rivière, ou qui marchent sur la terre ferme : il sait convertir en or jusques aux roseaux, aux joncs et à l’ortie. Il écoute tous les avis, et propose tous ceux qu’il a écoutés. Le prince ne donne aux autres qu’aux dépens d’Ergaste, et ne leur fait de grâces que celles qui lui étaient dues. C’est une faim insatiable d’avoir et de posséder. Il trafiquerait des arts et des sciences, et mettrait en parti jusques à l’harmonie : il faudrait, s’il en était cru, que le peuple, pour avoir le plaisir de le voir riche, de lui voir une meute et une écurie, pût perdre le souvenir de la musique d’Orphée, et se contenter de la sienne.


29 (V)


Ne traitez pas avec Criton, il n’est touché que de ses seuls avantages. Le piège est tout dressé à ceux à qui sa charge, sa terre, ou ce qu’il possède feront envie : il vous imposera des conditions extravagantes. Il n’y a nul ménagement et nulle composition à attendre d’un homme si plein de ses intérêts et si ennemi des vôtres : il lui faut une dupe.


30 (IV)


Brontin, dit le peuple, fait des retraites, et s’enferme huit jours avec des saints : ils ont leurs méditations, et il a les siennes.


3I (I)