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du moins de rien connaître aux maisons de France, d’Autriche et de Bavière : « Quelles minuties ! » dit-il, pendant qu’il récite de mémoire toute une liste des rois des Mèdes ou de Babylone, et que les noms d’Apronal, d’Hérigebal, de Noesnemordach, de Mardokempad, lui sont aussi familiers qu’à nous ceux de Valois et de Bourbon. Il demande si l’Empereur a jamais été marié ; mais personne ne lui apprendra que Ninus a eu deux femmes. On lui dit que le Roi jouit d’une santé parfaite ; et il se souvient que Thetmosis, un roi d’Egypte, était valétudinaire, et qu’il tenait cette complexion de son aïeul Alipharmutosis. Que ne sait-il point ? Quelle chose lui est cachée de la vénérable antiquité ? Il vous dira que Sémiramis, ou, selon quelques-uns, Sérimaris, parlait comme son fils Ninyas, qu’on ne les distinguait pas à la parole : si c’était parce que la mère avait une voix mâle comme son fils, ou le fils une voix efféminée comme sa mère, qu’il n’ose pas le décider. Il vous révélera que Nembrot était gaucher, et Sésostris ambidextre ; que c’est une erreur de s’imaginer qu’un Artaxerxe ait été appelé Longuemain parce que les bras lui tombaient jusqu’aux genoux, et non à cause qu’il avait une main plus longue que l’autre ; et il ajoute qu’il y a des auteurs graves qui affirment que c’était la droite, qu’il croit néanmoins être bien fondé à soutenir que c’est la gauche.