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par lui dicter un testament où il réduit son fils à la légitime.

(VII) Pour gouverner quelqu’un longtemps et absolument, il faut avoir la main légère, et ne lui faire sentir que le moins qu’il se peut sa dépendance.

(VII) Tels se laissent gouverner jusqu’à un certain point, qui au delà sont intraitables et ne se gouvernent plus : on perd tout à coup la route de leur cœur et de leur esprit ; ni hauteur ni souplesse, ni force ni industrie ne les peuvent dompter : avec cette différence que quelques-uns sont ainsi faits par raison et avec fondement, et quelques autres par tempérament et par humeur.

(VII) Il se trouve des hommes qui n’écoutent ni la raison ni les bons conseils, et qui s’égarent volontairement par la crainte qu’ils ont d’être gouvernés.

(VII) D’autres consentent d’être gouvernés par leurs amis en des choses presque indifférentes, et s’en font un droit de les gouverner à leur tour en des choses graves et de conséquence.

(VII) Drance veut passer pour gouverner son maître, qui n’en croit rien, non plus que le public ; parler sans cesse à un grand que l’on sert, en des lieux et en des temps où il convient le moins, lui parler à l’oreille ou en des termes mystérieux, rire jusqu’à éclater en sa présence, lui couper la parole, se mettre entre lui et ceux qui lui parlent, dédaigner ceux qui viennent faire leur cour ou attendre impatiemment