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68 (I)


Comme nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien, de même nous haïssons violemment ceux que nous avons beaucoup offensés.


69 (I)


Il est également difficile d’étouffer dans les commencements le sentiment des injures et de le conserver après un certain nombre d’années.


70 (VII)


C’est par faiblesse que l’on hait un ennemi, et que l’on songe à s’en venger ; et c’est par paresse que l’on s’apaise, et qu’on ne se venge point.


7I


(V) Il y a bien autant de paresse que de faiblesse à se laisser gouverner.

(VII) Il ne faut pas penser à gouverner un homme tout d’un coup, et sans autre préparation, dans une affaire importante et qui serait capitale à lui ou aux siens ; il sentirait d’abord l’empire et l’ascendant qu’on veut prendre sur son esprit, et il secouerait le joug par honte ou par caprice : il faut tenter auprès de lui les petites choses, et de là le progrès jusqu’aux plus grandes est immanquable. Tel ne pouvait au plus dans les commencements qu’entreprendre de le faire partir pour la campagne ou retourner à la ville, qui finit