Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/354

Cette page n’a pas encore été corrigée



43 (IV)


Si l’on a donné à ceux que l’on aimait, quelque chose qu’il arrive, il n’y a plus d’occasions où l’on doive songer à ses bienfaits.


44 (V)


On a dit en latin qu’il coûte moins cher de haïr que d’aimer, ou si l’on veut, que l’amitié est plus à charge que la haine. Il est vrai qu’on est dispensé de donner à ses ennemis ; mais ne coûte-t-il rien de s’en venger ? Ou s’il est doux et naturel de faire du mal à ce que l’on hait, l’est-il moins de faire du bien à ce qu’on aime ? Ne serait-il pas dur et pénible de ne lui en point faire ?


45 (I)


Il y a du plaisir à rencontrer les yeux de celui à qui l’on vient de donner.


46 (V)


Je ne sais si un bienfait qui tombe sur un ingrat, et ainsi sur un indigne, ne change pas de nom, et s’il méritait plus de reconnaissance.


47 (VII)


La libéralité consiste moins à donner beaucoup qu’à donner à propos.


48 (V)


S’il est vrai que la pitié ou la compassion soit un retour vers nous-mêmes qui nous met en la place des malheureux, pourquoi tirent-ils de nous si peu de soulagement dans leurs misères ?

Il vaut mieux s’exposer à l’ingratitude que de manquer aux misérables.


49 (V)


L’expérience confirme que la mollesse ou l’indulgence