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soutient dans les spectateurs cette douce illusion qui est tout le plaisir du théâtre ; où elle jette encore le merveilleux. Il ne faut point de vols, ni de chars, ni de changements, aux Bérénices et à Pénélope : il en faut aux Opéras, et le propre de ce spectacle est de tenir les esprits, les yeux et les oreilles dans un égal enchantement.


48 (IV)


Ils ont fait le théâtre, ces empressés, les machines, les ballets, les vers, la musique, tout le spectacle, jusqu’à la salle où s’est donné le spectacle, j’entends le toit et les quatre murs dès leurs fondements. Qui doute que la chasse sur l’eau, l’enchantement de la Table, la merveille du Labyrinthe ne soient encore de leur invention ? J’en juge par le mouvement qu’ils se donnent, et par l’air content dont ils s’applaudissent sur tout le succès. Si je me trompe, et qu’ils n’aient contribué en rien à cette fête si superbe, si galante, si