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cules, qu’il désigna dans son livre, ou qui s’y crurent désignés[1] ; il eut tous les ennemis que donne la satire, et ceux que donnent les succès : on ne le voit cependant mêlé dans aucune intrigue, engagé dans aucune querelle. Cette destinée suppose, à ce qu’il me semble, un excellent esprit, et une conduite sage et modeste.

« On me l’a dépeint, dit l’abbé d’Olivet, comme un philosophe qui ne songeoit qu’à vivre tranquille avec des amis et des livres ; faisant un bon choix des uns et des autres, ne cherchant ni ne fuyant le plaisir, toujours disposé à une joie modeste, et ingénieux à la faire naître ; poli dans ses manières, et sage dans ses discours ; craignant toute sorte d’ambition, même celle de montrer de l’esprit[2]. (Histoire de l’Académie françoise.)

  1. M. de Malezieu, à qui La Bruyère montra son livre avant de le publier, lui dit : Voilà de quoi vous attirer beaucoup de lecteurs et beaucoup d’ennemis.
  2. On peut ajouter à ce peu de mots sur La Bruyère ce que dit de lui Boileau, dans une lettre à Racine, sous la date du 19 mai 1687, année même de la publication des