Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
vii
AVERTISSEMENT.

l’expression de La Bruyère, servir à une même entrée, elles ne pouvoient pas non plus avoir été forgées et distribuées par une même main; et la main de l’auteur devoit être soupçonnée moins qu’aucune autre.

Ces insolentes listes, après avoir troublé les jours de La Bruyère, se sont, depuis sa mort, attachées inséparablement à son livre, comme pour faire une continuelle insulte à sa mémoire. C’étoit perpétuer un scandale en pure perte. Quand elles circuloient manuscrites, les personnages qu’elles désignoient presque toujours faussement, étoient vivants encore ou décédés depuis peu: elles étoient alors des calomnies piquantes, du moins pour ceux dont elles blessoient l’amour-propre ou les affections; mais plus tard, mais quand les générations intéressées eurent disparu, elles ne furent plus que des mensonges insipides pour tout le monde. Fussent-elles aussi véridiques qu’en général elles sont trompeuses, la malignité, la curiosité actuelle n’y pourroit trouver son compte. Pour un fort petit nombre de noms qui appartiennent à l’histoire de l’avant-dernier siècle, et