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le blesser ; c’est prendre aussi trop vivement mes intérêts. Mon pere ne vous fait aucun tort, je crois ; il travaille actuellement au tableau de ses dettes, & nous entrevoyons avec plaisir que nos biens suffiront pour payer.

M. Jullefort.

Et votre dot, Mademoiselle, votre dot ?… c’est plutôt pour vous que je parle, que pour moi ; il vous faut toujours une dot dans tous les cas possibles… mais je n’y songeais pas : vous avez, au moins, des oncles, tantes, plusieurs parens enfin dont les successions réunies pourraient former… & réparer…

Mademoiselle Delomer.

Non, Monsieur, je n’ai personne, je n’attends rien de personne : mon pere était tout pour moi & ce n’est que sur lui que je répands des larmes.

M. Jullefort, à part.

Pas un seul héritage, quelle famille ! où allais-je me fourrer. (Haut.) Mademoiselle, je vous aime trop pour n’être pas touché de cet accident… cette maudite faillite… ne sentez-vous pas tout le malheur de deux personnes qui s’unissent pour la vie & dont l’une… mais comment ! vous êtes bien sûre qu’on ne remettrait pas à Monsieur votre pere une partie de ses fonds. Quatre-vingts pour cent par exemple… c’est l’usage.

Mademoiselle Delomer.

Monsieur, il rejetterait un tel projet ; il ne