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M. Jullefort.

D’une rentrée considérable ! Il faut les pendre ces coquins, ces misérables-là.

Mademoiselle Delomer.

Ils ne sont que malheureux comme nous.

M. Jullefort.

Point de grace, point de grace, en place de greve ces marauds-là… La fortune m’est bien cruelle… mais je suis furieux contre votre pere, il mérite les reproches les plus sanglans… au-lieu de garder son argent dans son coffre.

Mademoiselle Delomer.

Qui de nous sait lire dans l’avenir ?

M. Jullefort.

Mais, Mademoiselle, c’est que c’est une perte irréparable, vous ne sentez pas cela comme moi, vous êtes d’un tranquille !… J’avais déjà fait un sage emploi… voilà mes projets avortés. Je suis sûr que vous ne savez seulement pas que vous n’avez presque rien du côté de votre mere : ces deux maisons de campagne sont des acquêts depuis son décès. Il y a bien un petit douaire sur je ne sais quel terrain aux nouveaux Boulevards ; mais c’est si peu de chose !… votre pere est, en vérité… il est… non, vous avez beau dire, je ne lui pardonnerai de ma vie.

Mademoiselle Delomer, d’un ton ferme.

Gardez-vous de rien dire, Monsieur, qui puisse