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plus brûlantes protestations de mon cœur : je vous jure un amour que la mort même ne pourra éteindre, une flâme qui vivra jusques dans mon tombeau… non jamais personne ne n’a paru si adorable que vous : j’en jure par tout ce qu’il y a au monde de plus sacré.

Mademoiselle Delomer.

Ah ! Monsieur, levez-vous, ce ne sont pas des sermens que je vous demande.

M. Jullefort.

Et comment voulez-vous donc que je vous fasse croire ?…

Mademoiselle Delomer.

Je compte peu sur les sermens, & les vôtres dans ce moment, si vous voulez que je vous le dise, me paraissent vains & légers.

M. Jullefort.

Vains & légers ! Que dites-vous, Mademoiselle ? Ce ne sont pas ici des sermens en l’air comme ceux que font les amans : ce sont des sermens d’époux, appuyés d’un bon contrat & rien dans l’univers ne peut casser cela… oui, notre contrat est comme signé, puisque l’on n’attend plus que vous… Vous doutez de mon amour ! Ah, vous ne savez pas ce que je vous sacrifie ! Si je vous disais tous les partis que j’ai refusés ! Tenez ; on me proposait, encore il y a quinze jours, une riche héritiere orpheline & ayant deux oncles cacochy-