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êtes trop troublé pour agir par vous-même dans cette révolution malheureuse. Je vais, sans perdre de tems, travailler à faire l’état le plus exact de vos biens & de vos dettes. Certainement vos créanciers, convaincus de votre bonne foi, seront touchés de votre situation & vous faciliteront les moyens de continuer votre commerce. Vous conserverez votre crédit, le crédit qui vous rouvrira de nouvelles sources de richesses ; reposez-vous sur moi ; à chaque heure je vous rendrai compte de toutes mes opérations. (Dans un mouvement énergique.) Oui, nous ferons honneur à tout : dites, n’est-il pas vrai, nous ferons honneur à tout ?

M. Delomer.

Vous me touchez infiniment, jeune-homme ; vous êtes bien estimable ; & jamais je ne vous ai mieux connu que dans ce moment : je vous devrai ma vertu ; oui, je m’en rapporte à vous… Agissez de manière que qui que ce soit n’ait à me reprocher la moindre fraude, soit dans l’exécution, ni même dans l’intention… Il me reste encore une lueur d’espérance ; Monsieur Jullefort mon gendre est riche, il aime ma fille ; il m’aidera sûrement. Plus ou moins d’argent, pour le moment, lui sera à peu près égal… Le croire uniquement touché de la dot, ce serait lui faire injure ; il ne mérite pas qu’on lui fasse cet outrage.