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Mademoiselle Delomer.

Ah ! mon pere, mon pere, ne vous livrez point à l’abbattement ; voici le jour du courage… Mais quoi ! tout serait-il perdu ?

M. Delomer.

On m’écrit que leur faillite est sans ressource, & c’est dans le moment que j’attendais la plus forte rentrée de mes fonds, que cet accident-là m’écrase. Le paiement de l’année, celui de la maison, ta dot, ton sort, le mien, tout reposait sur eux ; tout est précipité dans l’abîme.

Dominique fils, vivement.

Je suis à vous, Monsieur ; faut-il courir, prendre la poste, aller en personne stipuler vos intérêts, tandis que vous prendrez ici les arrangemens les plus convenables ? Je pars ; je ne reviendrai qu’après avoir appaisé l’orage.

(Pendant cette scène, Mademoiselle Delomer demeure le visage caché, & s’appuyant sur un fauteuil.)

M. Delomer.

Il faut attendre ; il paraît que c’est le contrecoup que je reçois : ils n’ont manqué, sans doute, que parce que l’orage vient de plus loin. Quel parti prendre pour effectuer mes paiemens ? Ils se montent très-haut, & c’était les fonds que je devais recevoir de Hambourg, qui étaient destinés à l’ac-