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toute sa vie, que pour se voir en un seul jour tout-à-coup ruiné.

Mademoiselle Delomer.

Ruiné, vous !

Dominique fils.

Comment se peut-il ?

M. Delomer, à Dominique.

Vous méritiez ma confiance, jeune-homme ; j’avoue même que j’aurais bien fait d’écouter de certains avis que vous m’avez donnés ; je m’en repens aujourd’hui ; mais il n’est plus tems… Mon cher Dominique, vous avez toujours tremblé de voir la quantité de fonds que j’avançais aux deux Associés de Hambourg…

Dominique fils.

Ils auraient manqué !

M. Delomer.

Je viens d’en être frappé comme d’un coup de foudre : depuis vingt ans que je négocie avec eux, ma confiance était devenue sans bornes ; je renonçais à toute autre correspondance, pour me livrer entierement à leurs demandes. Je viens de répondre encore pour eux dans une entreprise considérable, où cette même confiance m’a aveuglé. C’était la derniere opération que je voulais faire de ma vie. Que ne suis-je mort avant d’en avoir conçu l’idée.