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ACTE II.


Scène première.


DOMINIQUE fils arrive d’un pas lent & rêveur.

Tu l’auras, tu l’auras… Ces mots (& je ne sais pourquoi) reviennent frapper sans cesse mon oreille. C’est en vain qu’il aura voulu distraire la douleur qui me consume… Ah ! trop cher objet ! jamais, non, jamais tu ne sortiras de ce cœur ; ton image y est gravée pour la vie, en dépit du sort injuste qui nous sépare… C’est à présent que j’éprouve combien je t’idolâtre… Moins j’ai d’espoir, & plus je t’aime… Qu’il m’est cruel de te voir destinée à un autre ! Un autre fera t-il ton bonheur comme je l’eusse fait ?… Un autre saura-t-il t’aimer comme moi ?… Il me faudra donc dévorer mes tourmens !… Tout dans cette maison me devient insupportable… Elle--