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Dominique fils.

Mon pere ! je l’ai vue dans les premiers tems sans en être frappé ; nous avons conversé, nous avons lu, chanté, joué ensemble, & je n’en étais pas encore touché ; au contraire, j’en admirais d’autres qui me semblaient bien plus belles : mais dans la suite, j’ai cessé de les trouver si aimables, & plus je conversais avec Mademoiselle Delomer, plus je me suis senti enchanté. Si vous saviez comme elle pense, comme elle s’exprime, quelle noblesse de sentiment, quelle sensibilité inépuisable pour les malheureux, quelle honnêteté touchante regne dans toutes ses actions, & le tout sans gêne, sans effort, sans prétention ; elle a les graces de la modestie, & la gaieté de l’innocence ; sa joie est pure & naïve comme son cœur… j’ai remarqué que jamais elle ne dit de mal de personne, & je l’ai toujours vue reprendre ses amies à la moindre médisance…

Dominique pere.

Joli caractere de femme !

Dominique fils.

Ah ! si vous saviez sur-tout comme elle aime son pere !

Dominique pere.

Mais peux-tu me dire si elle se marie par obéissance ou par inclination.