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Dominique pere.

Est-ce elle que tu desires, ou un établissement ?… prends garde de t’y tromper.

Dominique fils.

Que n’est-elle aussi pauvre que je le suis, j’unirais mon sort au sien… Vous m’avez toujours dit que, pour être heureux, il ne fallait s’attacher qu’à la personne seule.

Dominique pere.

Mais pour s’attacher à une personne, il faut en être aimé, & sans doute que celui qu’elle consent à épouser lui plaît plus que toi : ainsi mon pauvre ami, il n’y a rien à faire à cela.

Dominique fils.

Ah ! si elle se donnait à celui qu’elle sait l’aimer le plus, je suis bien sûr que personne ne l’emporterait sur moi.

Dominique pere.

C’est-à-dire que, si on recevait tes vœux, tu n’hésiterais pas à la prendre pour femme ?

Dominique fils.

Hélas ! que ce bonheur est loin de moi… c’en est fait ; non, je n’en aimerai jamais une autre, & cependant elle ne m’appartiendra pas.

Dominique pere, après un moment de réflexion.

Que sait-on ?… mais, dis-moi ; comment cet amour a-t-il pris naissance dans ton cœur ?