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Dominique pere.

Ah çà ! me parleras-tu clairement… Voyons ; est-ce de l’argent qui te manque ? (Fouillant dans sa poche.) J’ai là quelque chose en réserve… prends, prends…

Dominique fils, l’arrêtant.

Depuis longtems vous savez que mes appointemens me suffisent ; vous avez assez fait pour moi, & plus… je voudrais même… que dis-je ? j’espere bien avant peu, si je prospere…

Dominique pere.

Je connais tes sentimens, tu n’as pas besoin de les exprimer… ton cœur, mon fils, est-il autre que le mien ?

Dominique fils, lui baisant les mains.

Mon bonheur sera de vous chérir ; il faut qu’il me tienne lieu de tout autre. Eh bien ! je me consolerai avec lui… vous venez de l’entendre ; Monsieur Delomer donne sa fille à Monsieur Jullefort ; cet homme, parce qu’il est riche, va obtenir sa main.

Dominique pere.

Serais-tu jaloux de cet homme ?

Dominique fils.

Oh ! oui, très-jaloux, non de ses richesses, mais de son bonheur.