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M. Delomer.

Vous avez bien fait, les voyages forment tout autrement que les Colléges. On ne sait que faire trop souvent de ces beaux latinistes : ils ne possédent que des choses inutiles, croient tout savoir, sont tout & ne sont rien : votre fils m’aide beaucoup ; il vous a plus vîte traduit une lettre Allemende ou Anglaise ; & je lui laisse souvent faire la réponse, elle n’en est que mieux. Je vous proteste qu’il m’est très-utile & qu’aujourd’hui presque toute ma correspondance roule sur lui.

Dominique pere, un peu interdit.

Toute votre correspondance !… Diable ! cela m’embarasse.

M. Delomer.

Pourquoi donc ? Vous ne répondez pas… parlez, vous hésitez.

Dominique pere, vivement.

C’est que je n’ôse plus vous dire à présent que je voulais qu’il s’en allât de Paris.

M. Delomer.

Qu’il s’en allât ! Et où irait-il, s’il vous plaît ?

Dominique pere.

Tenez, je ne sais : mais ce garçon-là, depuis que je l’ai fait revenir de chez l’étranger, est changé considérablement ; il n’est point cependant malade : mais qu’a-t-il donc ? Quand il est arrivé (vous le savez comme moi) il avoit une mine rayonnante