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M. Jullefort.

De pareilles nuits valent souvent les plus agréables journées, n’est-il pas vrai ? Sur-tout quand, ne pouvant dormir, on forme tout à son aise, dans le silence & la tranquillité des nuits, une spéculation bien conçue, bien nette, & qu’à quelque tems de-là, elle réussit à plaisir… on ne regrette plus la nuit blanche…

M. Delomer.

Je n’ai pas eu à me plaindre de la fortune ; jusqu’à présent elle m’a assez favorablement traité ; &, je vous l’avouerai, après de certaines rentrées que j’attends, & qui ne tarderont guères, ma fille une fois établie, c’en est fait, je me repose.

M. Jullefort.

Oh ! vous vous reposerez, il est juste ; mais tout en faisant valoir vos fonds, n’est-il pas vrai ? Oui. Cela amuse, cela distrait, cela réjouit. C’est une occupation. Au reste, il ne tiendra qu’à vous que votre fille ne soit bientôt établie, vous connoissez mes intentions… mon seul desir est de l’obtenir le plutôt que je pourrai.

M. Delomer.

Je le sais, & l’on m’a parlé encore hier de vous en termes pressans, vous avez des amis qui ont beaucoup de chaleur : aussi c’est, en partie, ce à quoi j’ai rêvé cette nuit : ma fille doit s’attendre à vous recevoir pour époux, depuis que je vous ai