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jeune-homme sente de bonne heure l’inquiétude du besoin réel & la nécessité du travail, sans quoi, ordinairement il ne sait rien faire d’utile. Si le malheur eût voulu que tu te fusses gâté au point d’être un vaurien comme j’en vois tant, oh ! je ne te le cache pas ; tout ceci aurait été pour un autre, afin d’être mis à bon usage.

Dominique fils.

Vous auriez bien fait, mon pere… Mais que ce fruit de vos épargnes vient à propos ! il ne pouvait m’être plus précieux que dans ce moment (Regardant Mademoiselle Delomer.) où tout se réunit pour combler ma félicité.

Dominique pere, se rassasiant du plaisir de les voir.

Les chers enfans ! Je passerai ma vie avec eux. (À Monsieur Delomer.) Ne vous y trompez pas : vous êtes l’homme chez qui j’irai tous les Dimanches manger la soupe, vous en face, & mes deux enfans à mes côtés, afin qu’en me reculant un peu, je vous voye tous trois, là, à mon aise… gardons nous de faire trop de bruit ; que rien de ceci ne transpire. (À son fils.) Allons, Dominique, mene la brouette de ton pere ; voyons cela. Il faut aller vuider le tout dans la caisse. Ma bru ira faire écarter les domestiques, en ordonnant de faire servir le souper : car il est l’heure, je pense. (Il regarde à une grosse montre d’argent qu’il tire de son gousset.)