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Et des chagrins et des douleurs
Ont assiégé ma trop longue vieillesse !


Un peu plus tard, à dix-sept ans, Champollion, quittant Grenoble pour étudier à Paris, compose, le 1er janvier 1807, cette fraternelle et reconnaissante prière que je cite avec empressement parce qu’elle dément les sentiments irréligieux qu’une école attribue gratuitement au grand égyptologue :


Maître de l’univers, toi mon Dieu, toi mon père,
D’un œil compatissant, si tu vis ma misère,
Si tu jetas sur moi des regards de bonté,
Écoute, entends ma voix ! Que je sois exaucé.
Un frère, tu le sais, dès ma plus tendre enfance
Acquit des droits sacrés à ma reconnaissance,
De la vertu m’apprit à suivre le chemin,
Des vices de mon cœur arracha le levain.
Le faux éclat de l’or, la richesse trompeuse
Ne pourraient lui fournir une carrière heureuse.
Ces biens empoisonnés causeraient son malheur,
Et loin de l’assurer, détruiraient son bonheur.
Des craintes, des chagrins, il deviendrait la proie.
Mon père, tu le peux, mets le comble à ma joie,
Fais-le vivre content dans la tranquillité.
Que ses jours soient filés par la prospérité.
Fais qu’un heureux amour verse sur lui ses charmes,
Qu’il quitte pour lui seul le venin de ses armes,