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Je fais un grand signe de croix en action de grâces à mon bon génie quand je développe un attrayant papyrus…

Je demandai à un nubien qui m’offrait de l’eau-de-vie de dattes s’il connaissait le nom du sultan qui a construit le vieux temple de Deïr ? Il me répondit que d’après les vieillards du pays l’édifice date de trois cent mille ans, mais qu’on est incertain de savoir s’il est l’œuvre des anglais, des russes, ou des français…

J’ai donné une fête à mes jeunes gens le surlendemain de notre arrivée au Caire. Je fis venir six almées ou filles savantes (et très savantes), qui dansèrent et chantèrent de six heures du soir à deux heures du matin… le tout en tout bien et tout honneur…

À Akhmin, l’après-midi et la nuit se passèrent en fête, bal, tours de force et concert, chez l’un des commandants de la haute Égypte, Mohamed-Aga, brave homme, bon vivant, et bon convive, ne respirant que la joie et les plaisirs. L’air de Malborough que nos jeunes gens lui chantèrent en chœur le fit pâmer de plaisir, et ses musiciens eurent aussitôt l’ordre de l’apprendre…

Les sots de tous les siècles ont eu ici de nombreux représentants ; égyptiens, grecs, romains, coptes, européens, ont cru s’illustrer en griffonnant leurs noms sur les peintures et en défigurant les bas-reliefs. Mais à Béni-Hassen j’ai trouvé écrite au charbon et presque effacée une inscription bien simple qui m’a ému « 1800, 3e régiment de dragons. » J’ai repassé pieusement ces traits à l’encre noire, avec un pinceau…