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Le roi ayant daigné accorder une bienveillante attention à l’intéressant travail de M. Champollion sur les écritures égyptiennes, vient de lui faire remettre par M. le duc de Blacas, premier gentilhomme de la Chambre, une boîte d’or, ornée du chiffre de Sa Majesté en diamants.


Le cadeau d’une royale tabatière occasionna un second présent, qu’annonçait fort spirituellement à l’égyptologue cette lettre de Bordeaux, signée Suriray de la Rue (Magasin des tabacs en feuilles, exotiques et indigènes).


  Monsieur,

 « Si j’étais roi, je voudrais être juste… »

Je ne vous aurais point donné une tabatière sans la remplir de poudre jaune d’Ophir, ou de sable du Pactole. Le destin m’empêche de pouvoir faire aussi bien

 « Que si j’étais contrôleur des finances… »

Mais vous me permettrez du moins de vous offrir un peu de poudre de nicotine digne je crois d’emplir votre royale tabatière ; car « je suis orfèvre » et j’ai horreur du vide… de nos connaissances. Aussi, nul n’est plus affamé que moi de vérités et admirateur plus sincère des vives clartés que vous répandez au sein de ces merveilleuses ténèbres d’Égypte.

Je me flatte, Monsieur, que dans vos laborieuses veilles, vous estimerez, au moins autant qu’une prise de tabac, le souvenir de votre très humble serviteur.