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As-tu connu Giraud ?… Torche ! ma toute belle,
Il n’est pas pour ton nez… Je ne suis pas cruelle,
J’ai le cœur assez tendre, et dès le premier jour,
Où mon cher Bajazet m’avoua son amour,
Je sus l’apostropher par une douce œillade,
Ça le ravigota, car il était malade.
Je lui donnai mon cœur… Il est constant, discret,
Et malgré les jaloux, il m’adore en secret.
Pour adoucir un peu son douloureux martyre,
Mon amour complaisant lui permet de m’écrire.
En venant dans ce lieu, j’ai reçu ce poulet.
Voyons ce que m’écrit mon petit Bajazet.

(Elle lit.)

Bajazet à Atalide.

Lumière de mes yeux ! charme de mes prunelles !
 Ô vous que j’aimerai toujours !
 Ô vous mes uniques amours !
Il faut donc obéir à vos rigueurs cruelles ?
Si vous ne révoquez vos ordres absolus,
Je me sens de calibre à faire une incartade.
Je ne puis vous parler qu’à votre promenade,
Et le reste du jour je ne vous parle plus !…
 Je voudrais vous voir à toute heure,
Si vous vous refusez à mon tendre désir,
 De douleur il faut que je meure :
Si vous le remplissez, je mourrai de plaisir !

Comme c’est délicat, que d’esprit, que de grâce !
Un amour aussi vif fondrait un cœur de glace…
Comme je l’aime donc ce petit Bajazet !