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Scène 4

Atalide, Roxane

Atalide

Je le brûle à sa barbe !Ah ! sultane, est-ce vous…
Est-il vrai que le ciel vous ravit votre époux ?…
Ah ! racontez-moi donc cette triste aventure,
Le sultan est-il cuit ?… en êtes-vous bien sûre ?
Le visir Acomat n’aurait-il point craqué ?

Roxane

Je sens par ce malheur mon esprit détraqué…
Hélas ! il est trop vrai, ma chère, je suis veuve.

Atalide

Le Ciel vous réservait une bien rude épreuve ;
Je ne puis que mêler mes larmes à vos pleurs,
Atalide saura partager vos douleurs.
Mon cœur est délicat comme une sensitive,
Ma sensibilité, vive, prompte, expansive,
S’échappe par mes yeux en toute occasion,
Et je perds à l’instant la respiration.
L’aspect de l’infortune et m’accable et me touche ;
Je ne puis sans pleurer voir souffrir une mouche :
Même (vous me croirez ou ne me croirez point),
Mon extrême pitié se montre en si haut point,
Que si sur mon sopha lorsque je vais m’étendre,
Une puce flairant ma peau mollette et tendre
De son dard assassin me pique et me poursuit,
J’endure sans pâlir le tourment qui me cuit ;