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Il marchait en avant, sa garde le suivait.
Comme l’air était chaud, Sa Majesté buvait,
Non du vin, (vous savez que notre loi divine
En a très sagement purgé notre cuisine,
Elle en a craint pour nous les dangereux fumets),
Mais de cet innocent et savoureux sorbet,
De sucre, de piment, de cannelle, d’orange,
De citron et de musc, rafraîchissant mélange.
Tant pour tromper l’ennui d’un voyage si long
Que pour se procurer un sommeil plus profond,
Il lisait un roman triste et mélancolique.

Roxane

Ah ! quelle sympathie !

Acomat

Ah ! quelle sympathie !Un gaz soporifique
S’échappe du volume à mesure qu’il lit ;
Le sultan le pompait ; son œil s’appesantit,
Il baille malgré lui, puis se palpe et s’étire ;
Il baille encore plus fort, tousse, crache, soupire,
Et se jette en ronflant dans les bras du sommeil ;
Le roman à ses pieds attendit son réveil.
Tout à coup la voix du sultan se fait entendre ;
Les grands auprès de lui s’empressent de se rendre,
Il beuglait comme un veau ; les eunuques surpris
Écoutent en tremblant ses redoutables cris…

Roxane

Ah ! mon Dieu ! qu’est-ce donc qu’avait le pauvre sire ?

Acomat

Un gros torticoli !