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saurait être affaire du moment et des circonstances. Il n’en était pas de même alors, et des gens sensés purent croire faire œuvre méritoire en essayant d’accommoder les desseins permanents de la religion aux intérêts transitoires de la politique. On va voir comment l’auteur du Mémoire l’a pensé faire. À coup sûr, sa bonne foi était d’autre espèce que celle de la Régente, qui commençait à appliquer cette maxime de diviser pour mieux régner, et essayait de s’appuyer alternativement sur l’un des deux cultes, jusqu’à ce qu’elle fût assez forte pour les dominer tous les deux. Ce calcul, d’ailleurs, ne fut de mise que peu de temps, car, au moment où l’Édit de janvier était promulgué, le concile de Trente reprenait ses séances, le 18 janvier 1562, avec la ferme intention de pousser à bout la besogne dont il était investi. Il s’y donna avec ardeur, si bien qu’en dépit des obstacles, deux ans plus tard, le 26 janvier 1564, le pape Pie IV confirmait par une bulle les décrets du concile et attribuait exclusivement au Saint-Siège l’interprétation de ces décisions théologiques. Rome parlait et sur ce point il n’y avait qu’à la suivre, sous peine d’hérésie, tandis que toutes les discussions avaient pu se produire jusque-là en pleine liberté.