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calvinistes l’église Sainte-Foix de la même ville, pour y célébrer leur culte. Il leur défendait non moins formellement de s’emparer désormais de tout autre édifice catholique, et ce sous peine de la mort, et décidait que, partout où il y aurait deux églises, la principale resterait aux mains des catholiques, et que l’autre serait remise aux protestants, mais que là où il n’y en aurait qu’une seule, les deux cultes s’y célébreraient tour à tour, sans se combattre. C’était, par avance, comme un essai d’une des principales dispositions que l’Édit de janvier allait bientôt proclamer.

La Boétie eut-il part à la détermination de Burie, que Théodore de Bèze rapporte ? Après avoir lu le mémoire qui suit, on n’en doutera assurément pas. Ce sont les mêmes sentiments qui inspirent celui qui a écrit et celui qui aurait agi de la sorte. Mais cette tolérance exceptionnelle n’était pas pour se faire admettre des contemporains. Dans la pratique, trop de motifs devaient venir la traverser. Devant cette condescendance, la Réforme prenait de l’audace, soit à la cour, soit dans le pays, et, là où ses adeptes étaient en nombre, ils résistaient ouvertement aux magistrats, d’autant mieux que la régente semblait pencher en leur faveur. Ils s’organisaient militairement et