Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

our quelque ancienne alliance qui était entre eux), ayant été joint à vous du saint nœud du mariage, qui est l’un des plus respectables et inviolables que Dieu ait ordonné ça bas, pour l’entretien de la société humaine, je vous ai aimée, chérie, et estimée autant qu’il m’a été possible, et suis tout assuré que vous m’avez rendu réciproque affection, que je ne saurais assez reconnaître. Je vous prie de prendre de la part de mes biens ce que je vous donne, et vous en contenter, encore que je sache bien que c’est bien peu au prix de vos mérites. »

Et puis, tournant son propos à moi : « Mon frère, dit-il, que j’aime si chèrement et que j’avais choisi parmi tant d’hommes, pour renouveler avec vous cette vertueuse et sincère amitié, de laquelle l’usage est par les vices dès si longtemps éloigné d’entre nous qu’il n’en reste que quelques vieilles traces en la mémoire de l’antiquité, je vous supplie pour signal de mon affection envers vous, vouloir être successeur de ma bibliothèque et de mes livres que je vous donne : présent bien petit, mais qui part de bon cœur, et qui vous est concevable pour l’affection que vous avez aux Lettres. Ce vous sera μνημοσυνον tui sodalis. »

Et puis, parlant à tous trois généralement, loua Dieu, de quoi en une si extrême nécessité