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comme ils feront à présent, étant travaillés de tumultes, et de la division, et des frais qui sont grands à l’entretien de leur état ; et les gens de bien, et ceux qui ont de quoi, commencent d’avoir suspecte cette puissance du populaire et prendront grand plaisir de la voir réprimer ; et peu à peu, sans qu’on y prit garde, avec la mutuelle conversation, il s’est fait comme une réunion de courages et d’opinions qu’on n’eût osé espérer au commencement. Le temps a amené ceci et le temps l’admoitera, comme nous voyons que les opinions des anciennes sectes se sont évanouies, quand on les a laissé mourir en Églises séparées et en certain ordre.

En somme, il faut faire une rigoureuse punition des insolences et violences publiques commises sur les chefs et auteurs, et ce par la justice assistée des gouverneurs.

Il faut réformer vivement et promptement l’ancienne Église, rompre l’ordre et établissement de la nouvelle. Une chose pourra fort empêcher la réformation : c’est que par ce moyen le Roi perd la subvention des décimes qu’il prend du clergé. Mais sans doute ç’a toujours été et sera, si Dieu n’y pourvoit, un malheureux appât qui nous tire à notre ruine. Ce serait une chose étrange si le Roi prenait les décimes comme pour un loyer d’avoir abandonné la république, et s’il