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grand hasard, et, pour cette cause, jusques ici, en la plupart des évêchés, le Roi a mis des évêques qui ne peuvent maintenant soutenir ce faix en ce grand besoin. Si est-ce que de là dépend toute, la restauration de cet état, qu’ils ne se fâchent donc point de prendre des conducteurs en leur charge, en laquelle, s’ils ont bon zèle, ils seront bien aises d’être soulagés et d’être aidés par même moyen à la conservation de leur troupeau. Ce n’est pas chose nouvelle : elle est ordinaire en Allemagne, où plusieurs évêques [ont des] coadjuteurs. Et quel inconvénient y a-t-il quand la charge augmente de prendre compagnons en cet honnête travail ?

De ma part je voudrais que tous en prissent, tant pour ce qu’il n’y a point d’évêché où il ne soit bien requis, vu la grandeur des affaires, et aussi d’en bailler seulement à quelques-uns ce serait rendre la chose odieuse et pleine d’envie et de jalousie. Les bons sans doute y prendront plaisir et les mauvais en ont besoin, et doivent plutôt remercier d’y être soufferts que se plaindre d’avoir des aides. Si on n’en use ainsi, que sert-il d’ordonner que tous les évêques résident, puisque la plupart sont tels que leur présance est plus scandaleuse que l’absence n’est dommageable ?

Il y a environ six vingts évêchés en France. Il faut que la cour du Parlement choisisse six