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corruption, et l’abus que quelques-uns, de leur naturel peu patients, n’ont pas eu la discrétion de regarder à l’institution, mais, seulement par dehors, à ce qui se fait : qui est ainsi qu’il se pratique, une pure marchandise et violente trafique. On veut là tirer au mort la couverture de son coffre, [on mesure] la lumière qui éclaire. À ceux qui prient on marchande combien de messes, si elles seront basses, si elles seront hautes ; on met à prix le son des cloches et mille autres telles indignités, lesquelles ôtées, il ne restera qu’une sainte cérémonie, pleine de piété, laquelle, à mon avis, sera enfin goûtée et reçue de tous. Non pas, par aventure, sitôt de maint un qui est dégoûté, mais pour le moins on peut espérer que ce serait avec l’aide de quelque nombre d’années. Qu’on fasse donc seulement ce qui se trouve avoir été fait de tout temps, que chacun pleure sur son mort, comme parle la Sainte Écriture, mais de cela que la France soit libre. Qui le voudra pleurer avec le chaperon et montrer par l’habit la douleur, qu’il le fasse. Qui ne voudra faire ainsi n’y soit point contraint. Mais que l’Église n’aille point chercher le corps, qui n’est autre chose que le quêter, et, comme disent ceux qui ont envie de reprendre, aboyer après la charogne. Quand la famille du mort aura porté le corps au lieu destiné, comme nous