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leur proposait les différends qui sont les plus grands, comme du péché originel, de la prédestination, de la providence, de l’élection et réprobation, de la justification, des œuvres de la foi ; si la foi est simplement créance ou assurance de son élection ; s’il suffit d’être enfant des fidèles, ou si le baptême extérieur est nécessaire à salut ; si le corps et sang de Jésus-Christ en l’Eucharistie, est reçu corporellement, comme disent les catholiques, et Luther, ou seulement en foi, comme dit Zwingle et Calvin ; si la substance du pain demeure, comme veut Martin [Luther], ou si elle n’y est plus, comme veut l’Église romaine. Lors connaîtra on clairement qu’ils ne se sont point séparés pour pensée que nous ayons en cela mauvaise opinion, car ils ne savent ni la nôtre ni la leur ; et souvent, à les en ouïr parler, ils parlent aussitôt contre leur doctrine que contre la nôtre. Mais c’est l’autre différend qui les fait désunir, nos cérémonies et observations ; car cela est visible et consiste en l’apparence extérieure, à quoi le populaire a toujours coutume de s’arrêter plus qu’à nulle autre chose. Et en cela, à mon avis, si on y prend garde, de ce quoi ils se scandalisent le plus est ce que nous pouvons accoutrer le plus aisément, sans faire aucun tort à notre doctrine. Il est vrai que je ne prétends pas contenter les chefs de leur religion, qui ne