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résie. Ceux qui ont des biens divisés et bornés n’ont pas sitôt querelle que ceux qui ont des biens communs et en société, pour ce que communément c’est occasion de tous les différends que d’avoir quelque chose à départir. Notre religion, en ce pays-là, ne se mêle point avec l’autre et n’ont rien de commun ensemble. Mais c’est autrement en ce qui se propose, — vu la communauté d’une même créance que les deux parts ont, celle même est l’occasion d’attaquer la querelle sur leurs différends. Encore y a-t-il un autre point : que deux religions, quand elles sont toutes deux vieilles et enracinées de longue main, ne se querellent jamais, ni si volontiers, ni tant, ni si opiniâtrement que deux dont l’une est ancienne l’autre nouvelle ou toutes nouvelles, pour ce que la chaleur est à la première pointe ; et tout ainsi que l’on voit aux âges de l’homme que la jeunesse est bouillante et pleine de ferveur au prix des autres, ainsi, en toutes choses, les commencements emportent la plus grande part de l’ardeur et violence. Quant à l’exemple des villes de l’Allemagne et de Suisse, qui ont reçu deux religions, et [de] l’Empereur, qui accorde l’intérim, il ne faut pas tant prendre garde au conseil qu’ils ont pris, qu’on n’avise encore plus au succès qu’on a vu advenir de ce conseil. Car il est bon, en un mau-