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aucunement rangées et établies en un certain état, et que l’on ne se fût mis au point pour l’attendre. Car sans difficulté toutes terres du Roi seraient plutôt accoutumées à une certaine loi, qu’il plairait à Sa Majesté leur donner, pour si griève qu’elle fût, qu’ils n’auraient appris à se comporter l’un l’autre en diverses bandes comme ils sont, car, à qui a puissance d’ordonner, le moyen d’apaiser ceux qui sont en différend n’est pas de les entretenir tous deux et de les flatter, en leur cause, mais plutôt d’adjuger rondement à l’un ce qui est contentieux. Même qu’en ce fait, si l’on autorise les deux parts, chacune se sentira forte, et rien ne donne au sujet tant de moyen de faire entreprise que de se sentir fort et appuyé. Or aucune des deux parties ne sera faible, d’autant que publiquement même il y aura deux Églises, qui sont cause que l’on voit les choses autant de régiments et compagnies, là où au contraire si le Roi avait introduit la nouvelle, l’autre, n’étant plus autorisée du Roi, serait faible, sans ordre et sans police, et sans avoir aucune moyen d’entreprendre ni lever la tête. Ains pourrait le Roi tirer service de celle-là même pour ce qu’elle serait emportée par l’autre, et par nécessité, comme un membre inutile, elle se réunirait avec le reste du corps de cette république.