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DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE I3 corps, .& n’a autre chofe que ce qu’a le moindre homme du grand & infini -nombre de vos villes, ünon que l’auantage que vous luy faites pour vous 25 deftruire. D’où a il pris tant d’yeulx, dont il vous efpie, fi vous ne les luy bailles? comment a il tant de mains pour vous fraper, Fil ne les prend de vous? Les pieds dont il foule vos cites, d’où les a il, fïils ne font des voftres? Comment a il aucun pouuoir fur 30 vous, que par vous? Comment vous oferoit il courir fus, f>il n’auoit intelligence auec vous? Que vous pourroit il faire, fi vous n’efties receleurs du larron ' qui vous pille, complices du meurtrier qui vous tue & traiftres à vous mefmes? Vous femes vos fruiëts 7 35 afin qu’il en face le degaft; vous meubles & rempliffes vos maifons, afin de fournir a fes pilleries; vous nour- riffes vos filles, afin qu’il ait de quoy faouler fa luxure; vous nourriffes vos enfans, afin que, pour le mieulx qu’il leur fçauroit faire, il les mene en fes guerres, 40 qu’il les conduife à la boucherie, qu’il les face les miniftres de fes conuoitifes & les executeurs de fes vengeances; Vous rompes à la peine vos perfonnes, vAn1Ax·xrEs vn cœur deloyal, felon, & l’auan- 36. « pour fourniràfcs voleries ». tage que vous lui donnez pour vous — Rcueille-Matin : « pour fournir à deflruire ». fes pilleries & volleries ». 25. « D`où ail pris tant d’yeulx? 37. « de quoy ra(l`afier» (R.-M.), d’0u vous efpie il, fi vous ne les luy 38. « vous nourriffez vos enfans, donnez? » à fin qu’il les meine, pour le mieux go. « que par vous auftres mef- qu’il face, en fes guerres; qu`il les mes». meine à la boucherie; qu`il les face gz. « recelateurs» (R.—M.). les miniftres de fes conuoitifes, les 34. « &traiftresdevousmefmes>>. executeurs de fes vengeances». -— gg; « afin qu’il en face degaft» Le Reueille-Matin ajoute: «&bour- (R.—M.). reaux des confciences de vos conci- gg. « vous meubles, rempliffes». toyens ».