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DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE 7 Qu’on mette d’vn cofté cinquante mil hommes en armes, d’vn autre autant; qu’on les range en bataille; 25 qu’ils viennent à fe ioindre, les vns libres combattans pour leur franchife, les autres pour la leur ofter: aufquels promettra l’on par conieêture la victoire? lefquels penfera l’on qui plus gaillardement iront au combat,.0u ceux qui efperent pour guerdon de leurs 30 peines Pentretenement de leur liberté, ou ceux qui ne peuuent attendre autre loyer des coups qu’ils donnent ou qu’ils reçoiuent que la feruitude d’autrui? Les vns ont toufiours deuant les yeulx le bon heur de la vie paffee, l’attente de pareil aife à Paduenir; il ne 35 leur fouuient pas tant de ce peu qu’ils endurent, le temps que dure vne bataille, comme de ce qu’il leur conuiendra à iamais endurer, à eux, à leurs enfans & à toute la pofterité. Les autres n’ont rien qui les enhardie qu’vne petite pointe de conuoitife qui fe 40 reboufche foudain contre le danger`& qui ne peut eftre fi ardante que elle ne fe doiue, ce femble, efteindre de_la moindre goutte de fang qui forte de leurs plaies. Aus batailles tant renommees de Miltiade, de Leonide, de Themiftocle ui ont efté donnees deux mil ans 7 , VARIANTES' ' 2g. « pour le guerdon » (R.—M.). la fin: « & à toute leur pofterité ». gr. « attendre loyer ». gg. « enhardiffe ». — La même gg. «d·euant leurs yeux le bop- leçon se lit dans le Rcucille-Matin. heur de leur vie pafïee ». gg. « deleur conuoitife» (R.-M.), gg. « il ne leur fouuient pas tant 4x. « qu’elle ne fe doiue & femble de ce qu’ils endurent, ce peu de eftaindre par la moindre goutte de temps que dure vne bataille, comme fang qui forte de leurs playes ». — ' de ce qu’il conuieridra à iamais Reueille-Ma¢in:«qu’elle nefedoiue endurer à eux, à leurs enfans & à (ce femble) efteindre parla moindre toute la p0fterité».— Le Reueille- goutte de fang qui forte de leurs Malin donne la même leçon, sauf à playes ».