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,APPENDICE 423 Cecy a ellé autrefois par nous deduiél, que nature delire pro-- creer beaucoup devfemblables, comme aulli chafque_efpece_d?ani· maux; mais il ell impollible que cela foit parfaiél, par la femelle fans le malle, ou par le malle fans la femelle, en forte que de ne-· ceflité, ils fe font accouplez l’vn l’autre. Or quant ell des autres animaux fauuages, celle œompagriie leur (rient par vn inllinét irraifonnable, & en tant qu’ils participent de nature, & leur feule qaufe ell de procreer leurs femblables, mais entre ceux quiviuent de plus grande priuauté & prudence, elle fe declare plus à plein, en tant qu’entre eux on cognoill plus d’aydes, amitiez, beneuo- lences & façons pareilles. Et en l’homme plus qu’à tous autres: car le malle & femelle ne I cherchent feulement leur ellre, mais aufû de Payder l’vn l’autre pour auoir leurs commoditez. Quant ell d’auoir lignee, cela ne touche feulement le deuoir de nature, mais aufû tourne à leur ` prollitz car de ce que les peres ellans en leurs forces auront trauaillé pour leurs enfans qui n’en ont le moyen, ils en rapporte- ront le proflît en vieillelle, eux ellans lors fans pouuoir. En telle forte, nature par celle reuolution fentretient, afin d’ellre perpe- tuelle, ünon par nombre particulier, pour le moins en efpece. · Ainli par la prouidence de Dieu, la nature d’vn chacun tant de l’homme que de la femme, a eflé ordonnee pour la communauté. Car leur nature ell differente en ce que leur puiffance n’ell vtile en toutes mefmes chofes, mais en quelques endroits aux chofes contraires, & toutefois tendantes tout à vn: car elle a faiél l’vn plus fort, l’autre plus foible, à fin que l’vn pour fa crainte foit plus efpargnant & regardant à fes affaires; l’autre pour fa force, foit plus courageux 8c enclin à. repoulfer Poutrage; l’vn à aller dehors, l’autre à garder ce qui ell en la maifon; & pour le trauail, l’vn fe puilïe tenir allîs & à requoy, & foit imbecile aux affaires foraines, l’autre foit moins propre pour le repos, & fe porte mieux ` aux exercices. Au regard des enfans, la procreation en ell bien commune, mais la commodité ell` particuliere; car à l’vn appar- tient la nourriture, à l’autre Penfeignement. ` Premierement donc les loix enuers la femme foient, ne luy faire tort; car en celle forte l’homme n’en receura d’elle, & le fens commun nous inflruicl en cell endroiét: car comme difent les Pythagoriens, le moins qu’on pourra ne fault fembler faire tort, non plus qu’à vne efclaue retiree de l’autel. Le tort que peult faire l’homme à la femme, ell de trop hanter compagnies eflrangeres. Et quant ell de la compagnie, il ne faut qu’elle manque entre eux, ny aullî qu’ils foient en repos, comme n’ayans pouuoir de fabfen-