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APPENDICE 403 Matin, comme traduite en françois d/zi livre latin dédié aux estats, princes, seignciws, barons,g·entilshommes et peuple polonais. Ceci justifie donc Brunet absolument, et un examen attentif de l’opuscule eût empêché les frères Haag de contester son appréciation. Ainsi qu’on le voit, c‘est en latin, comme nous l’avons déjà écrit, que parut le premier fragment publié de la Servitude volontaire et nous reproduirons plus bas ce passage, a titre de curiosité littéraire. Par qui ce lambeau de La Boétie fut·il traduit en latin? La question risque fort de rester sans réponse, car il est ditïicile de déterminer la paternité du Réveille-Matin, tant l’auteur a pris soin de se cacher et a évité toute indis- crétion qui pût mettre sur sa trace. Sans vouloir essayer d’éclaircir un point, qui n’est pour nous que secondaire, nous ne dirons pas moins cependant à. qui Pon a successivement attribué ce libelle. Cujas a désigné lejurisconsulte jacques Donneau (4), Adrien Baillet Théodore de Bèze et M. Sayous Fran- çois Hotman(5). On a aussi nommé avec quelque vraisemblance le médecin protestant Nicolas Barnaud. D’autres enfin, — et c’est l’opinion qui nous 9 paraît la plus plausible, —— n‘ont voulu voir dans ces deux dialogues qu’une œuvre écrite à la fois par plusieurs pamphlétaires, composition indigeste où l‘on a tenté de faire entrer le récit des persécutions et le développement des griefs, revendication hybride qui tient à la fois de la harangue et du mémoire (6). Il ne nous reste plus qu’à faire connaître, en terminant. comment la prose ~ de La Boétie a pu prendre place dans ce factum. Pour cela, nous transcri- rons Pargument du second dialogue, qui le résume assez exactement. Le voici : « Le Politique et l’Historiogr:1phe François (ce sont les deux inter- locuteurs du dialogue), revenant par divers chemins de leur charge, se rencontrent, — comme Dieu veut, —— logez en une mesme hostellerie à. Fribourg en Brisgoye, et apres s’estre recognus, caressez et recueillis, ils récitent l’un à l’autre le succez de leurs voyages, l'estat présent de la France, et par occasion quelques traits de celuy d’Angleterre. Ils traitent aussi de la puissance des Rois, de la tyrannie, et de la servitude volontaire, et plusieurs autres belles matières très nécessaires en ce temps, réservans au lendemain ce qu’ils ont à. dire de plus. » Dans le cours du Dialogue, le Politique s’étonne, comme La Boétie, auquel il emprunte ses propres expressions, que « tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, et tant de provinces endurent si longtemps un tyran seul, qui n’a moyen que celui qu’on lui donne, qui n’a puissance de leur nuire, sinon tant qu’ils ont vouloir de l`endurer, qui ne sauroit leur faire mal aucun, sinon alors qu’ils ayment mieux le soutïrir que lui contredire ». Mis en goût par cette idée ingénieuse, oiztrma Cosstorottra, el mis zic nouveau en lumière. A Edimbourg, de l’Imprimerie de Jacques James. Avec permission. 1574. (4) Dans sa Pnescriplio pro Ja. Monllucia edveriur libcllum Zarh, Fumcxicri (pseudonyme sous lequel Donncau avait répondu à l’évêque Monluc). (5) Snous, Etude: litlzraires sur les Ecrivain: françai': de la Rzformalion, x8; 3, in-18, t. ll, p. 43 et suivantes. Il semble à M. Sayous que plus d’une tête, sinon plus d'une main, a travaillé à cet ouvrage et que Hotmun en a tout au moins inspiré la part la plus sérieuse et la plus originale. (6) Cette interprétation mc semble confirmée par llépitliètc, de Commpnlitz ajoutée au pseudonyme de P iladclphe. Notons, en passant, que Lmrè ne me pas d’cxcmple de ce mot antérieur au xvm° siècle. -