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LETTRE DE MGNTAIGNE 3x5 · vieillelle, de laquelle ie luis quitte par ce moyen. Et puis, il ell vraylemblable que i’ay vefcu iufqu’à celle heure auec plus de ümplicité 81 moins de malice que ic n’eulle par 40 auenture fait, li Dieu m’eull laiflé viure iulqu’à ce que le loing de m’enrichir & accommoder mes affaires me full entré dans la telle. Quant à moy, ie luis certain, que ie m’en vays trouuer Dieu & le feiour des bienheureux. » Or, parce que ie monllrois mefme au vifage Pimpatience que i’auois à l’0uyr: 45 « Comment, mon frere, me dit-il, me voulez vous faire peur? Si ie l’auois, à qui feroit-ce de me l’ol`ter qu’à vous?» Sur le loir, par ce que le notaire furuint, qu’on auoit mande pour receuoir fon tellament, ie le luy fis mettre par efcrit, & puis `. ie luy feus dire fiil ne le vouloit pas ügner: «Non pas 50 ligner, dit—il, ie le veux faire moy melme. Mais ie voudrois, mon frere, qu’on me donnall vn peu de loilir; car ie me trouue extremement trauaillé & li alïoibly que ie n’en puis quali plus. >> le me mis à changer de propos; mais il le reprit loudain & me dit qu’il ne failloit pas grand loiür à mourir, 55 & me pria de fçauoir li le notaire auoit la main bien legere, car il n’arrelleroit gueres à diéler. Pappelay le notaire, & fur le champ il diéla li ville lon tellament qu’on elloit bien empefché à. le fuyure. Et ayant acheué, il me pria de luy lire, & parlant à moy: « Voylà, dit-il, le loing d’vne belle 60 chofe que nos richelles. Szmt hœc quœ honzinibus voccmttw b011.a.» Apres que le tellament eull elle ügné, comme la chambre elloit pleine de gents, il me demanda ûil luy feroit mal de parler. Ie luy dis que non, mais que ce full tout doucement. 65 Lors il lit appeller Madamoyfelle de Saint·Quentin la niepce, & parla ainli à elle : «Ma niepce, m’amie, il m’a lemblé depuis que ie t’ay cogneue, auoir veu reluire en toy des traits de_tres bonne nature; mais ces derniers ollices que tu fais auec li bonne affection, & telle diligence, à 70 _ma prefente necelïité, me promettent beaucoup de toy, & vrayement ie t’en fuis obligé & t’en mercie tres affectueule— ment. Au relle, pour ma delcharge, ie t’aduertis d’ellre