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soNNETs , 2QI Ains a le cœur gafté de quelque rigueur fiere, I S’il fe plaint de ma plainte, & mon mal il n’entend. Amour, tout à vn coup, de cent douleurs me point : IO Et puis l’on m’aduertit que ie ne crie point! Si vain ie ne fuis pas que mon mal i’agrandiffe, ~ A force de parler : Don m’en peut exempter, Ie quitte les fonnetz, ie quitte le chanter. Qui me deffend le deuil, celuy là me gueriffe. VII Quant à chanter ton los par fois ie m’aduenture, Sans ozer ton grand nom dans mes vers exprimer, Sondant le moins profond de celte large mer, Ie tremble de m’y perdre, & aux riues m’affure; 5 Ie crains, en loüant mal, que ie te face iniure. Mais le peuple, eftonné d’ouir tant t’eftimer, Ardant de te cognoiftre, effaie à te nommer, i Et, cerchant ton fainét nom ainli à l’aduenture, Esblouï, n’attaint pas à veoir chofe fi claire; IO Et ne te trouue point, ce groffier populaire, Qui n’aiant qu’vn moyen, ne veoit pas celuy là: C’eft que f>il peut trier, la comparaifon faiéte, Des parfaictes du monde, vne la plus parfaiéte, Lors, f~il a voix, qu’il crie hardiment : « La voylà! »