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A VERS FRANQOIS 279, Pres, vn vif mal; & puis, loing d’elle eltant, Vne lar1gueur, autant ou plus à craindre. O fier Amour, que tu as long le bras, io Puis qu’en fuyant on ne l’euite pas! Puis qu’il te plaiit, helas, ie fuis tefmoing, Puis qu’à mon dam il t’a pleu que le fente, · Que ta main a, d’vne arme non contente, Le feu de pres, & les fiefches de loing. XVIII Quand i’ofe voir Madame, Amour guerre me liure,. Et fe pique à bon droit que ie vay follement Le cercher en fon regne; & alors iultement Ie fouffre d’vn mutin temeraire lalpeine. 5 Or me tiens-ie loing d’elle, & ta main inhumaine, Amour, ne chomme pas : mais ii aucunement, Pitié logeoit en toy, tu deuois vrayement T’ayant laiffé le camp, me laiffer prendre haleine. N’aye-ie pas donc raifon, ô Seigneur, de me plaindre, io Si eltant loing de feu, ma chaleur n’eft pas moindre? Quand d’elle pres ie fuis, lors tu dois faire preuue De ta force fur moy; mais or tu dois auüi Relafcher la rigueur de mon afpre foucy : · Trop mortelle eft la guerre où l’on n’a iamais trefue.