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266 ESTIENNE DE LA BoET1E M’ayant ouy, celuy meritera Ce que ie fouiïre à ceft’ heure fans merite. 30 Helas dy moy, ô traiftre & deiloyalle, Qu’eft-ce qui t’a defpleu en moy, finon Contraire à toy, ma volonté loyalle? Qu’as tu gaigné à changer de courage, Sinon de perdre & ta foy & ton nom, 35 Et mon cœur tien, plus que le tien volage? I Fay, faulfe, fay de tous amants la preuue; Puis dy que i’ay deferuy ce tourment, Si tant que moy aucun ferme Den treuue. · Tu mefuras ainfi ma recompenfe, 40 Que nous eitions conftans egalement, Moy en l’amour, & toy en Pinconftance. Les vents aux bords tant de vagues n’amenent, Lors que l’hyuer elt le maiitre de l’eau, Comme de flots dans ton cœur fe promenent. 45 L’Automne abbat moins de feuilles aux plaines, Moins en refait le plaifant renouueau, Que tu desfais & fais d’am0urs foudaines. O quelle amour mon amour euit conquife, O que de foy ma foy euft peu gaigner, 50 S’ailleurs qu’en toy ma fortune l’euft mife! Si vn cœur ferme & conitant fe peut rendre, Mon cœur Peuit peu à tous cœurs enfeigner, Fors qu’au tien feul, qu’ilvou1oit feul apprendre. Or voy-ie à cler, defloyalle, tes ruzes : 55 Non que deuant tu n’en ayes vfé; Mais lors pour toy ie faifoy tes excufes. Excufe toy ores, fvil fe peut faire. Mais tu fçais bien, toy qui m’as abufé,