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` VERS 1=RANç01S' 263. Que peu fouuent l’vn de l’autre ûabfente, Et par le camp que le commun bruit vole, Qu’ils ont donné l’vn à l’autre parole; 185 Que l’on n’attend fors que Roger gueriffe, Pour faire apres de leurs nopces la feite; Qu’il n’eft aucun qui ne fven reiiouifïe, Et qui de voir ce iour la ne fouhaitte. Aucun n’y a que fouhaitter ne feiffe, 190 Sçachant des deux la valeur il parfaite, D’en veoir fortir la plus vaillante race, - Qu’on veit iamais en cefte terre baffe. Vn creue-cœur, vne douleur extreme, Oyant ce conte, aifaillit Bradamant, 195 Si que de choir elle fut lors à mefme : , Elle trouua fon deftrier viftement, Sans dire mot; & chaffant de foymefme Tout fon efpoir, & pleine de tourment, De ialoufie & dé defpit comblee, · 200 Toute en fureur en fa chambre eft allee. Comme elle eitoit armee elle fe couche Deffus le liét, virant la face en bas, I Et là de draps elle remplit fa bouche, Pour fe garder qu’elle ne criait pas : 205 Mais ce propos qui tant au cœur luy touche, Luy donne tant de rigoureux combats, Que ne pouuant fon martyre cacher, Force luy fut la bride luy lafcher. _ A qui meshuy doibs-ie croire, dit elle, zig O miferable, helas, or di—ie bien, Tous ont le cœur felon & infidele, Puis qu’infidele, ô Roger, eit le tien,