Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/339

Cette page n’a pas encore été corrigée

VERS I-‘RANço1s 253 Donc qu’à trouuer de foymefme on fe range, - Si l’on a faim de la belle louange. Qu’on ûauanture & qu’on fe mette en lice, 50 Qu’en mille nuiéts quelque œuure l’on poliiïe, Quelque œuure grand qui defende fa vie, Maugré la dent du temps & de l’enuie. Nous efpargnons pareiïeux nos efprits; Et voulons part à la gloire du pris. 55 L’vn dit qu’il faut qu’on quitte Pauantage ' D’inuenter bien à ceux du premier aage; Que les premiers bienheureux ûauancerent, Et que du ieu le pris ils emporterent : Si que par eulx la palme ià gaignee 60 A nul meshuy ne peult eflre donnee, Et deformais que fa peine on doit plaindre, A fuiure ceux que l’on ne peut attaindre. L’autre fe plaint qu’en la fource tarie Ores on tire à grand’peine la lie, 65 Et ne croit pas que grand proüt on face A labourer vne terre ii laife : Quand tout eit prins, qu’il fe faut contenter, Si l’on n’en a, d’en pouuoir emprunter;. Que les premiers en la faifon meilleure ‘ 70 Feirent foigneux la moiiïon de bonne heure, Et à l’enuy prinrent la cruche pleine Dans le furjon de la neufue fontaine : ` Nous tard venus en ce temps mal-heureux, ' Faifons en vain la recherche apres eulx. 75 Mais moy ie croy que cefte plainte vaine, Ne vient pour vray que de craindre la peine 1 _ Car pour certain iamais aux fiens la Mufe