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LETTRE DE MONTAIGNE 249 donnee. Et pourtant aiant curiez¢ment recueilly tout ce que i’ay trouué d’entier parmy fes brouillars ê· papiers efpars çà 6- là, le iouët du vent 67 de fes eftudes, il m’a femblé bon, quoy que ce fujt, de le dütribuer Er de le — departir en autant de pieces que i’ay peu, pour de là prendre occajîon de recommander fa memoire à d’autant · plus de gents, choüijant les plus apparentes 5- dignes perfonnes de ma cognoigance ô• defquelles le tefmoignage . luy puwe e_/tre le plus honorable. Comme vous, Movyieur, qui de vous mejënes pouuez auoir eu quelque cognoifance de luy pendant fa vie, mais certes bien legiere pour en difcourir la grandeur de fon entiere valeur. La po_/lerité le croira u bon luy femble, mais ie luy iure, fur tout ce que i’ay de confcience, l’auoirfceu 6>· veu tel, tout coiü- deré, qu’à peine par fouhait ô· imagination pouuois ie monter au delà, tant fen fault que ie luy donne beaucoup de compagnons. Ie vous jupplie treshumblement, Mon- jîeur, non feulement prendre la generale proteéïion de fon nom, mais encore de ces dix ou douze Vers françois qui fe iettent comme par necejité à l’abri de vojtre faueur. Car ie ne vous celeray pas que la publication n’en ayt e_/lé diferee apres le refle de fes œuures, foubs couleur de ce que, par de là, on ne les trouuoit pas ajez limez pour e_/tre mis en lumiere. Vous verrez, Mowüeur, ce qui en eft; &· par ce qu’ilfemble que ce iugement regarde l’intere_/t de tout ce quartier ici, d’ou ils penfent qu’il ne puiye rien partir en vulgaire qui ne fente le fauuage Er la barbarie, c’eft proprement vojtre charge, qui, au reng de la premiere maifon de Guyenne, receu de vos ance_/tres, auez adioujté du vojtre le premier reng encore en toute façon de fuji- fance, maintenir non feulement par vojtre exemple, mais , auji par l’auth0rité de v0_/tre tefmoignage, qu’il n’en va pas toufiours aùw. Et ores que le faire foit plus naturel — aux Gafcons que le dire, ji e_/t ce qu’ils _/ïarment quelque- fois autant de la langue que du bras, Er de l’ejprit que du cœur. De ma part, Monpeur, ce n’e_/t pas mon gibbier de iuger de telles chofes, mais i’ay ouy dire à perfonnes qui jïentendent en fçauoir, que ces vers font nonfeulement 32 .