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LETTRE DE CONSOLATION 189 façons, qui, elle viuant, nous donnoient tant de plaitir, maintenant nous donneront peine, & nous trauaille- ront, quand nous y penterons; mais autïî ie crains Comnmzzil 5 qu’en voulant chatter la douleur, nous ne chattions tout d’vn coup la fouuenance, comme faitoit Climene cs ’"°””` qui dit: _ Ie me dtd/Jlais des lieux où la ieum% A efcrimev ê• â luitterfaddnüz; 40 Les arcs ay_/ëz de cormier me defplaümt; tant elle craignoit & fuyoit le touuenir de ton tils qui toutiours Paccompaignoit : car nottre nature fuit volontiers cela dont elle reçoit peine. Or faut il, tout ainti comme elle te rendoit telle en nottre endroit, 45 qu’elle nous faifoit fentir tous les plaitirs du monde à nous fettoyer, à te faire voir, à fe faire ouïr, que pa· reillement à cette heure la touuenance d’elle demeure ' toutiours & viue dedans nous, apportant auecques toy vn plaitir plus grand, mais de beaucoup, que non pas 50 Pennuy, au moins ti nous pentons qu’i1ett raifonnable que nous metmes tirions quelque proftit, au betoing, · des aduertittemens que nous auons fait fouuent à plutieurs autres. Il faut donc entretenir cette plaifante Qyg g, memoire, & non pas mener dueil, & te defconforter d”î},,‘Z°ü 55 tant & lamenter, qu’il femble à voir que, pour l’ayfe ’"°d"é' qu’on a receu quelquefois, on vueille maintenant ren- dre en payement au double de fafcheries & d’ennuys. Ceux qui viennent de la où tu es, vers moy, m’ont bien rapporté vne chote, pour raiton de laquelle ils 60 t’admirent grandement: c’ett que tu n’as point pris nouuel habillement, n’en rien dittormé ne gatté ta façon accouttumee, en toy, 'ny en tes chambrieres;