Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous auons en main, au ſon duquel la philoſophie rend doux, priuez & paiſibles enſemble, ceux qui par la communion de la vie ſ’aſſemblent, & deuiennent de deux vn. Doncques ayant aſſemblé en quelques comparaiſons breues (pour eſtre plus aiſees à retenir), 5 quelques ſommaires de ce que vous auez ſouuent ouy dire à plein ſur ce ſubiet, ayans eſté nourris tous deux en la philoſophie, ie vous les enuoye par vn preſent commun à l’vn & à l’autre. Mais dés le commencement, ie veux faire priere aux Muſes, qu’elles vueillent 10 eſtre en voſtre mariage compaignes & aydes de Venus. Auſſi, à la verité, vne lyre ne leur feroit pas mieux Accord en la maiſon & au mariage. ſeante, ny vne guiterne, que de mettre vn accord bien auenant en la maiſon, & au mariage, par vn doux parler, par quelque harmonie, par la philoſophie. 15 Voilà pourquoy les anciens aſſirent ſur meſme autel Venus & Mercure, comme voulans dire qu’au plaiſir de mariage le doux parler y eſt neceſſairement requis ; Comment le mary & la femme doiuent obtenir l’vn de l’autre ce qu’ils deſirent. & pareillement aſſemblerent ils Suadelle & les Graces, pour monſtrer qu’il faut que le mary & la femme 20 obtiennent l’vn de l’autre ce qu’ils deſirent par douces paroles & perſuaſions, ſans debat ny querelle.

I. Solon ordonna que la nouuelle eſpouſe ne couchaſt point auec ſon eſpoux, qu’elle n’eut mangé d’vne Pomme de coing. pomme de coing : voulant declairer ainſi 25 couuertement, à mon aduis, qu’il faut deuant tout aux mariez la grace de la bouche & du parler douce & auenante.

II. En Bœotie ils couurent l’eſpouſe & la couronnent Aſperges. d’aſperges, pour ce que ceſte herbe, d’vn chardon aſpre & poignant, iette vn fruit merueilleuſement doux ; 30 & auſſi la nouuelle eſpouſe, à qui ne ſe degoute pas &